C'est alors qu'arrivèrent les premiers colons…

Malgré des années d’hésitation, quelques « travaux forestiers » plus ambitieux qu’à l’accoutumée auront donc eu lieu ces derniers jours dans le « bosquet », à grand bruit de scie à moteur et de craquements de branches, voire de quelques troncs. La pression immobilière et paysagère aura été la plus forte, alors que l’on y annonce l’ouverture prochaine d’un poulailler, la plantation de toujours plus d’arbres fruitiers (symboles d’autonomie et de résilience) et peut-être même l’aménagement d’un petit bassin (pour que la résurgence sur laquelle je ne cesse de patauger devienne un atout pour les jours secs à venir).

À la suite d’une de ces bonnes après-midis de labeur anthropocentrées visant à vouloir faire mieux que la Nature avant moi (elle qui avait mis tant d’ardeur à déployer, sans souci du qu’en-dira-t-on, ici ces quelques bouquets d’arbres aux branches sacrifiées à la fureur des vents dominants, là un vaste entrelac doux-piquant de ronces et de chèvrefeuille, ou celui de lianes et de lierre surplombant un tapis de bois mort piqué de délicates fleurs printanières), la fatigue profitant d’elle-même pour flatter mon égo de nouveau maitre des lieux, finit par me faire accepter l’idée que, de ces monceaux de branchages qui recouvraient presque entièrement le sol, il restera suffisamment de bois de chauffage (pour débuter l’hiver prochain), de rameaux pour le compostage, de buchettes accueillantes pour reloger les populations d’insectes déplacées, ainsi qu’assez de tas de brindilles pour héberger lézards ou crapauds jamais bien loin (ou même qui sait, un couple de hérissons en lune de miel) et que le reste pouvait en toute bonne conscience faire l’objet d’une solution rapide et efficace, affectée à mon seul plaisir personnel… scratch !

Temps alors de savourer le sentiment du devoir accompli et de se détendre dans la douceur de l’air du soir, un kir dans chaque main, sous une demi-lune indulgente, laissant à la bibliothèque sonore de mon téléphone futé le soin de me conter une belle histoire, même si au final je n’ai nul besoin d’être ailleurs qu’ici et maintenant…